Le tatouage se démocratise de plus en plus. Loin d’être un effet de mode, le 10e art est une façon de s’approprier son corps et de l’individualiser. En France, près de 14 % de la population est ainsi passée entre les mains d’un artiste-tatoueur. Que contient réellement l’encre des tatouages ? Existe-t-il des tatouages vegans ? Comment assurer une bonne cicatrisation ? Nous avons fait le tour de la question.
Longtemps réservé aux marginaux, le tatouage est devenu de plus en plus populaire depuis les années 1980. D’une vingtaine de tatoueurs français dans les années 80, ils sont aujourd’hui des milliers. Selon un sondage Ifop, 14 % des Français étaient tatoués en 2016, contre 10 % en 2010. Chez les 18-24 ans, une personne sur quatre est encrée. Bien loin d'un effet de mode, nous sommes donc sur une vraie tendance de fond.
En parallèle, la tendance du vegan et cruelty free se développe de plus en plus. Pour désormais atteindre le monde du tatouage.
Un tatouage vegan, ça existe
Cela ne vient pas à l'esprit tout de suite. Pourtant, les encres utilisées pour les tatouages peuvent contenir des substances d’origine animale, ou encore être testées sur les animaux.
Les encres industrielles peuvent entre autres contenir :
- Du charbon, obtenu à partir d’os d’animaux calcinés. C’est aussi ce que l’on appelle le « noir animal) ;
- De la gomme-laque, créée à partir de résine sécrétée par des vers asiatiques ;
- De la gélatine, fabriquée à partir de peaux d’animales bouillies. On en trouve notamment dans les bonbons.
- Ou encore de la glycérine. Celle-ci peut être d’origine végétale ou animale. Les industriels ont tendance à privilégier la glycérine d’origine animale pour son coût plus faible.
Il existe néanmoins beaucoup d’encres de tatouage véganes sur le marché. D’ailleurs, certains tatoueurs les utilisent sans même y prêter attention ! Pour se faire tatouer vegan, il suffit donc de demander au tatoueur de préciser la marque de l'encre utilisée pour le tattoo ainsi que sa composition.
Autre point à surveiller pour les vegans : le papier transfert, utilisé pour « décalquer » le dessin sur la peau avant de le réaliser. Ce papier contient parfois de la lanoline. Egalement appelée « cire de laine », il s’agit d’une graisse obtenue par purification et raffinage du suint (la graisse qui recouvre la toison des animaux à laine). Là encore, des alternatives véganes existent.
Pas de réglementation européenne
Le tatouage implique d’introduire des pigments colorés sous l’épiderme. La composition de l’encre se doit donc d’être irréprochable. Pour l’heure, il n’existe aucune réglementation européenne sur ce sujet.
En France, les produits de tatouage sont définis par le Code de la santé publique. La loi du 9 août 2004 écrit qu’il s’agit de « toute substance ou préparation colorante destinée, par effraction cutanée, à créer une marques sur les parties superficielles du corps humain ». Cette loi inclut également les dispositions prévues pour leur fabrication et leur utilisation. Un décret de février 2008 vient quant à lui fixer les conditions d’hygiène à respecter.
Encres de couleur : attention danger ?
Les encres, notamment celles de couleurs, sont dans le collimateur de l’Etat français. Pourquoi ? Car certains colorants présents dans certaines encres ne sont pas destinés à un usage humain. Par exemple, il peut s’agir de pigments industriels utilisés pour la coloration de tissus. Qui peuvent donc contenir des hydrocarbures aromatiques polycycliques (résidus de charbon, pétrole) ou des pigments azoïques (colorants de synthèse). Depuis le 1er janvier 2014, un arrêté ministériel interdit une partie des encres de couleur dans l’Hexagone. 59 colorants ont ainsi été proscrits. Pourtant, cette interdiction a été contestée par les tatoueurs professionnels. Ces derniers estiment qu’il s’agit d’un principe de précaution, étant donné qu’il y a une absence de preuve de la dangerosité de ces colorants.
Des métaux lourds dans les tatouages
Autre composant de l’encre qui fait débat, la présence de métaux lourds. Chrome, nickel, cuivre, titane ou fer peuvent faire partie de l’encre afin de stabiliser les mélanges. De son côté, le dioxyde de titane peut servir de base pour certaines couleurs.
Le Syndicat national des artistes tatoueurs (SNAT) se défend en avançant les quantités infimes de métaux lourds. Le SNAT met notamment en avant une démonstration du Dr Gérald Prior lors du 1er congrès de l’European Society of Toxicologic Pathology en 2013. Un tatouage de 910 cm2 a été réalisée sur une peau artificielle. Cette peau ensuite analysée ne comptait que 0.0279 milligramme de nickel. « Équivalant par exemple à un bol de chocolat chaud, deux noix ou encore une barre de chocolat ! » assure le SNAT. Car oui, les métaux lourds sont aussi présents dans notre alimentation.
Que ce soit pour les couleurs interdites ou la présence de métaux lourds dans la composition des encres, le SNAT se défend. Il assure sur son site : « le recul sur le terrain n’a à ce jour relevé aucun effet toxicologique qui serait plus élevé chez les populations tatouées comparativement aux non-tatoués. »
Assurer une bonne cicatrisation
Etant donné que le tatouage est un acte chirurgical, il nécessite une cicatrisation. La peau est en effet ouverte, puisqu’il y a eu « effraction cutanée ». Une mauvaise hygiène peut donc causer une infection.
Le plus important est de bien choisir son tatoueur, pour que l’hygiène soit irréprochable lors de la séance. Ensuite, écoutez-le ! Les tatoueurs connaissent leur travail, et savent comment avoir un joli tatouage bien cicatrisé.
Selon la zone et les couleurs utilisées les consignes peuvent varier. En général, vous devrez laver votre tatouage deux à trois fois par jour avec une base lavante neutre, et y appliquer ensuite de la crème cicatrisante.
Une fois cette première phase de cicatrisation terminée, vous pouvez continuer à hydrater votre peau avec un beurre de karité bio.
Mise à jour le 8 juillet 2020